Explication linéaire n°1

Bartolomé de Las Casas, La très brève relation de la destruction des Indes, 1552.

La colonisation du nouveau monde, principalement menée par Les Portugais et les Espagnols est dénoncée par un prêtre espagnol qui a vécu au Mexique, Bartolomé de Las Casas. Indigné du sort des « Indiens » et, pour leur défense, il rédige une Très brève relation sur la destruction des Indes qu’il lit à l’empereur Charles Quint, à Burgos, en 1540, en vue de le convaincre de mettre un terme aux mauvais traitements des colons.


                Ils entraient dans les villages et ne laissaient ni enfants, ni vieillards, ni femmes enceintes ou accouchées qu’ils n’aient éventrés et mis en pièces, comme s’ils s’attaquaient à des agneaux réfugiés dans leurs bergeries. Ils faisaient des paris à qui ouvrirait un homme d’un coup de couteau, ou lui couperait la tête d’un coup de pique ou mettrait ses entrailles à nu. Ils arrachaient les bébés qui tétaient leurs mères, les prenaient par les pieds et leur cognaient la tête contre les rochers. D’autres les lançaient par-dessus l’épaule dans les fleuves en riant et en plaisantant et quand les enfants tombaient dans l’eau, ils disaient : « Tu frétilles, espèce de drôle ! » ; ils embrochaient sur une épée des enfants avec leurs mères et tous ceux qui se trouvaient devant eux. Ils faisaient de longues potences où les pieds touchaient presque terre et par groupes de treize, pour honorer et révérer notre Rédempteur et les douze apôtres, ils y mettaient le feu et les brûlaient vifs. D’autres leur attachaient tout le corps dans de la paille sèche et y mettaient le feu ; c’est ainsi qu’ils les brûlaient. (…)

                J’ai vu tout ce que j’ai dit plus haut et bien d’autres choses, innombrables. Tous ceux qui pouvaient fuir se réfugiaient dans les forêts et grimpaient dans les montagnes pour échapper à des hommes aussi inhumains, à des bêtes aussi impitoyables et aussi féroces, à ces destructeurs et ennemis suprêmes du lignage humain. Alors les chrétiens dressèrent des lévriers, des chiens particulièrement méchants, qui dès qu’ils voyaient un Indien le mettaient en pièces en un clin d’œil, ils l’attaquaient et le mangeaient plus vite que si c’eût été un porc. Ces chiens ont fait de grands ravages et de grandes boucheries. Et parce que quelques rares fois les Indiens ont tué quelques chrétiens, avec juste raison et sainte justice, les chrétiens ont convenu entre eux que pour un chrétien tué par les Indiens, ils devaient tuer cent Indiens. (…)

                Oh ! Combien d’orphelins il a fait ! A combien de parents il a volé leurs enfants ! Combien d’hommes il a privé de leur femme. Combien de femmes il a laissé sans mari ! De combien d’adultères, de stupre et de violence il a été la cause ! Combien ont perdu la liberté ! Que d’angoisses et de calamités ces gens-là ont soufferts à cause de lui ! Que de larmes il a fait couler ! Que de soupirs, de gémissements, de solitudes dans cette vie, et que de damnations éternelles dans l’autre monde à cause de lui.


Retrouvez ci-dessous en pdf:

Le texte à apporter le jour du bac:

Le corrigé de l’explication linéaire (à apprendre par cœur et à compléter avec le corrigé du cours) :

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